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en aient été achetés, nous voulons dire ce qu'il est, et quelle est son utilité.

M. Léo Taxil a, sur presque tous les écrivains qui se sont occupés de la Maçonnerie, cet avantage immense qu'il en à fait partie et qu'il a vu tout ce qu'il raconte. L'initiation maçonnique et la fréquentation des membres de la secte ont été une condition exceptionnelle pour qu'il fût parfaitement renseigné et n'écrivit que ce qu'il savait être exact. La plupart des autres publicistes ont dû travailler sur des renseignements et des recherches qui, malgré leur nombre et leur exactitude, ne valent jamais l'expérience personnelle. Léo Taxil, converti, comme on le sait, en 1885, est un témoin qui raconte ce qu'il a vu et fait, alors que les auteurs qui l'ont précédé n'ont guère pour documents que des pièces et des informations qu'il n'est pas toujours facile de contrôler.

On comprend qu'avec un pareil avantage, Léo Taxil ait pu donner le plus vaste recueil de révélations d'une précision complète qu'on ait encore sur la Franc-Maçonnerie.

Les deux volumes contiennent douze chapitres principaux dont voici les titres; on aura ainsi une idée générale de cette statistique maçonnique.

1. Préliminaires.

2. Effectif sommaire de la Maçonnerie, Europe, Afrique, Amérique. 3. Organisation de la Maçonnerie en France. Les quatre rites. 4. Les rites et les grades.

5. Grade d'apprenti; cérémonial et catéchisme.

6. Grade de compagnon, id.

7. Grade de maître id.

8. Le Rose-croix et les grades capitulaires. On ne peut avoir une idée de ce que révèle Léo Taxil dans ce chapitre.

9. Le chevalier Kadosch et les grades philosophiques. Les révélations de ce chapitre sont d'une gravité exceptionnelle au point de vue religieux.

10. La direction suprême.

-

11. Les secrets maçonniques.

L'autorité fictive et l'autorité réelle.

12. Rôle politique et social de la secte. Bienfaisance, espionnage, tripotages maçonniques. Infamies antipatriotiques. Frères ont-ils des sœurs?

Les

Nous voulons seulement dire ici que les révélations de Léo Taxil établissent que la Maçonneries est basée : 1. Sur le comble de l'immoralité;

2° Sur le culte réel et pratique de Satan.

L'ouvrage se termine par une conclusion où je relève ce qui suit: « Pour détruire la Franc-Maçonnerie, il faut éclairer le peuple, sa victime, sa machine inconsciente, et multiplier chez les catholiques les sociétés actives et de bonnes œuvres..... Il est nécesaire que les catholiques s'organisent en sociétés luttant au grand jour..... » Cette conclusion est la même que celle de l'Encyclique Humanum genus.

Cet ouvrage doit être entre les mains de tout homme qui s'occupe d'histoire, d'études sociales, religieuses ou politiques. C'est un des documents les plus précieux et les plus complets de notre époque. Nous attendons la suite des travaux que Léo Taxil nous annonce sur ce sujet brûlant.

PÉLISSON.

Vie de Jeanne d'Arc d'après les chroniques contemporaines, par Guido GÆRRES; traduit de l'allemand par Léon BORÉ. 2 édit., 1886, 1 vol. in-8. Librairie Lecoffre, 90, rue Bonaparte.

La première édition de ce livre remarquable, dû à un auteur allemand, est de 1834, et c'est en 1843 seulement qu'il a été traduit en français par Léon Boré. La librairie Lecoffre vient d'en publier, en janvier dernier, une 2o édition française, corrigée par le traducteur sur la dernière édition allemande.

Il a été publié un grand nombre de Vies de Jeanne d'Arc. Nous en connaissons peu qui puissent être comparées à cet ouvrage d'un écrivain allemand, et ce travail nous a plu vivement pour trois raisons différentes. La première c'est qu'il est, comme il prétend l'être, très complet et d'une exactitude rigoureuse. La seconde est qu'il est conçu et exécuté dans un esprit purement catholique et français, avec un évident amour de la vérité, un saint enthousiasme pour la vierge lorraine, une grande intelligence, un art qui se dissimule, une simplicité et un charme qui séduisent le lecteur. La troisième raison est que ce monument élevé à Jeanne d'Arc est d'une main étrangère, d'un esprit que le patriotisme n'a pu entraîner et qui n'a été inspiré que par la beauté absolue du sujet. Il est doux d'entendre un écrivain non Français célébrer notre sainte libératrice avec ce soin pieux, et déclarer que l'histoire d'aucun peuple ne contient un fait comparable à sa mission, à cette intervention surnaturelle de Dieu et des saints pour sauver la France

Guido Gærres apporte dans ce travail ses qualités allemandes, c'est-à-dire une poétique simplicité et une manière naïve qui reportent le lecteur à l'époque où vivait Jeanne, et font de ce livre comme une chronique contemporaine des faits merveilleux qu'elle raconte. Ce volume de 414 pages contient des détails complets sur tout ce qui peut offrir de l'intérêt non-seulement au public, mais à l'historien et au savant. Il faut remarquer notamment, à ce point de vue, les chapitres relatifs à la situation de la France sous Charles VI, au séjour de Jeanne à Chinon et Poitiers, et à ses interrogatoires de Rouen.

A quelqu'un qui ne pourrait lire qu'un livre sur Jeanne d'Arc, nous conseillerons volontiers celui-là.

La traduction a conservé tout le mérite, toutes les qualités du texte original, et le lecteur ne pourrait se douter, sans le titre même du livre, qu'il lit une traduction. L'impression causée est comme je l'ai dit, celle d'une chronique contemporaine, écrite au récent souvenir des faits, sans aucune exagération, sans apprêt ni étude, mais avec une vive admiration de la Pucelle, un amour sincère et ardent de Dieu qui l'inspira, de la sainte martyre qui accomplit si docilement sa mission; tout cela dans ce style simple et naif qui était dans les bonnes traditions d'Allemagne.

Notre age s'est souvenu de Jeanne d'Arc et l'élan général vers cette sainte libératrice est remarquable. Il permet d'espérer que l'Eglise la placera bientôt sur les autels. La nouvelle édition du livre de Guido Gærres est venue à son heure et va devenir, saus nul doute, populaire en France. Nous applaudirons à son légitime succès. A. D.

Le Gérant, J. BARATIER.

1300 Grenoble, imprimerie Baratier et Dardelet. - 7426

DES

INSTITUTIONS ET DU DROIT.

(14 Année.)

CHATEAUVILLAIN

Le 8 avril 1886.

Récit des faits.

Les fautes et les responsabilités des divers agents du pouvoir. Mobiles, attitude du pouvoir, de ses agents et de ses amis. Droit; examen complet de la question juridique et conclusion.

Un long cri de douleur et d'indignation a retenti dans le pays tout entier. Le Franc-maçon que la République a infligé à la France catholique comme ministre des cultes, l'homme qui a élevé la spoliation des prètres à la hauteur d'un moyen normal de gouvernement et a fait de la persécution des catholiques ce qu'il appelle l'exécution du Concordat et la paix religieuse, (voir la séance du Sénat du 17 avril) a voulu, pour se débarrasser d'un pauvre vicaire, faire fermer une chapelle particulière desservie par ce prêtre; pour faire exécuter ses ordres, il a fait violer un domicile privé par un sous-préfet à la tête d'une escouade de gendarmerie; les agents de ce ministre ont tiré à bout portant sur le représentant du propriétaire et sur des femmes désarmées et sans défense; ils ont tué une pauvre ouvrière, blessé gravement celui qui défendait son domicile, blessé et maltraité des femmes inoffensives, arrêté une femme qui avait échappé au révolver des gendarmes. Après quoi, le régime de justice et de liberté républicaines a ouvert une instruction judiciaire, et ceux qui, aux termes de l'article 184 du Code pénal, devra ent être sous la main de la justice, font poursuivre criminellement leurs victimes.

Il ne faut pas s'étonner que le pays entier ait frémi d'indignation et qu'il reste, à cette heure encore, suspendu 14 ANN. IT SEM. 5o LIV. MAI 1886.

25

dans l'attente des suites de cet évènement. Depuis 1878, on a fait bien des pas dans la persécution légale. Les décrets du 29 mars avaient été la grande étape des loges maçonniques devenues maîtresses du gouvernement; on a vu, depuis huit ans, Dieu sait quelles violences et quels scandales présider à l'exécution de ces mesures! Mais on n'avait pas vu jusqu'à cette heure massacrer des hommes et des femmes pour empêcher un prêtre de dire la messe dans un oratoire particulier; on n'avait pas assisté à ce spectacle nouveau en France, d'un sous-préfet à la tête d'agents de police et de sept gendarmes, assiégeant et prenant d'assaut une maison, brisant les portes d'un domicile privé, faisant tuer ceux qui défendaient leur propriété, tout cela, sur les ordres d'un ministre ou d'un préfet, et pour fermer une chapelle ouverte depuis 43 ans !

Et à cette heure encore, ministre, préfet et sous-préfet sont tranquillement à leurs postes, se félicitant réciproquement de leur triomphe; et une pauvre famille d'ouvriers pleure son enfant tuée par un gendarme; une autre famille est au chevet d'un mourant que le juge d'instruction interroge comme un coupable; d'autres familles ont des blessés ou des enfants sous la main de la justice. Véritablement, devant pareils faits, on croit rêver! Et ce n'est pourtant qu'une triste réalité. Nous voulons adresser à nos lecleurs le récit exact de cet évènement, travesti comme tous les autres par la presse républicaine, et dénaturé par les mensonges officiels ou officieux. Nous voulons ensuite l'examiner au point de vue légal, en attendant que des protestations, plus autorisées, en fassent justice devant l'opinion, et qu'une répression nécessaire puisse remettre chacun en sa place.

I

RÉCIT DES FAITS.

A six kilomètres au sud de Bourgoin (Isère), se trouve le village des Eparres, appartenant à la commune de ChâteauVillain et séparé par quatre kilomètres du centre et de l'église de cette paroisse. MM. Giraud, fabricants, demeurant à Lyon, possèdent dans ce village un grand établissement de dévidage et de tissage de soie, composé de cinq corps de bâtiments et occupant 350 ouvrières. L'usine est dirigée par M. Fischer, représentant de MM. Giraud, propriétaires de la maison depuis cinquante ans.

Il faut dire que MM. Giraud sont catholiques, connus à Lyon par leurs concours à toutes les œuvres religieuses. Il y a 43 ans, ils ont établi dans leur usine des Eparres une chapelle, toujours desservie depuis cette époque, et qui est

réellement nécessaire par suite de l'éloignement de l'église paroissiale. Si les ouvrières vont généralement du samedi soir au lundi matin dans leurs familles, il en reste toujours dix-sept dans l'établissement, plus quatre religieuses employées à la surveillance des ateliers, huit ouvriers chargés des travaux spéciaux, et le personnel de la direction.

M. Fischer, directeur, avait épousé il y a quelques années une nièce de M. l'abbé Guillaud, curé de Château-Villain. Le service de la chapelle était fait par M. l'abbé Revol, vicaire, dont le traitement était entièrement payé par MM. Giraud, non par une retenue sur les salaires des ouvrières, comme l'ont prétendu plusieurs journaux républicains.

Une première fois, en avril 1885, les inspirateurs du gouvernement républicain s'étaient occupés de l'usine des Eparres, du curé et du vicaire de la paroisse. Sur une de ces dénonciations dont cette basse police officieuse a seule les secrets, le ministre des cultes avait pris une mesure qu'il importe de faire connaître. M. Goblet était parvenu au pouvoir le 7 avril 1885, avec le cabinet Brisson-Freycinet. Le 23 du même mois, ce ministre, dans une de ces lettres dont il a le monopole, signalait à Monsieur l'Evêque de Grenoble « M. Guillaud, desservant à ChâteauVillain et son vicaire, comme négligeant leurs devoirs professionnels, et laissant, par leurs absences, les malades de la paroisse privés des sacrements. Il les dénonçait en outre comme adversaires déclarés de la République et ridiculisant les conseillers municipaux en reproduisant leurs traits sous une forme grotesque; il priait l'Evêque de déplacer le desservant par mesure disciplinaire, de déplacer également le vicaire, ou de lui interdire l'exercice du culte dans la paroisse.» (V. le recueil des pièces relatives à la suppression des traitements ecclésiastiques dans le diocèse de Grenoble, Grenoble, 1886.) N'est-il pas touchant de voir chez le ministre maçon ce saint zèle à propos des malades privés des sacrements? N'est-il pas plutôt scandaleux qu'un ministre ose affecter ainsi des préoccupations et alléguer des mobiles qu'il n'a jamais connus? Que dire de cette ironie, de la part d'un persécuteur notoire?

Cette première attaque contre le curé et le vicaire était le début de la campagne qui s'est terminée par le massacre du 8 avril.

Cette tuerie de catholiques du 8 avril 1886, n'a-t-elle pas fêté dignement l'anniversaire de l'arrivée au pouvoir de M. Goblet, le 8 avril 1885? Il y a, dans les évènements, de ces coïncidences qui sont des enseignements et souvent aussi le gage de la punition des coupables.

Après cette lettre du 23 avril 1885 à Mgr Fava, M. Goblet paraît se recueillir et attendre. Il a fait connaître, le 13 avril

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