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décis, fi le terme François vient du Flamand, ou le Flamand du François, & il croit que la plupart tirent leur origine d'une ancienne Langue qui étoit jadis commune aux deux Nations. Les Francs, qui firent la conquête des Gaules, venoient de la Baffe Germanie, où ils habitoient aux environs du Rhin, de l'Yffel, & du Wezer jufqu'à l'Elbe. Ces Peuples, parmi lef-" quels plufieurs Savans croient que fe trouvoient auifi des Bataves, portèrent leur Langue dans les Gaules, qui étoient alors fous la domination des Romains, & du mêlange de ces trois Langues, l'ancienne Gauloife ou Celtique, que l'on appelle encore à préfent la Langue Wailonne, la Latine & celle des Francs, fortit celle que les François parlent aujourd'hui. Elle differe fans doute beaucoup de l'ancienne, & elle s'eft confidérablement polie & perfectionnée; mais elle ne laiffe pas de porter toujours bien des marques de fon origine, & elle en avoit fans comparaison plus encore, avant qu'on eût introduit l'ufage de fupprimer les lettres qui ne fe prononcent point, & qui fervoient autrefois à faire découvrir l'origine de mots.

Pour ce qui eft de la Langue Hollandoife, Mr. BURMAN croit qu'elle defcend de l'Allemande, dont elle n'eft qu'un Dialecte. Les mots Latins qui s'y trouvent viennent moins, felon lui, des Romains lorfqu'ils étoient les maîtres des Pays-Bas, que des Eccléfiaftiques, qui fe fervant journelle

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nellement de la Langué Latine dans le fervice Divin, en firent infenfiblement paffer une multitude de mots dans la Langue Al lemande. La même chofe eft arrivée dans la Langue Françoife, & l'on verra avec plaifir la Lifte que notre Savant Auteur a faite des mots François & Hollandois, qui defcendent visiblement du Latin. Cette Lifte occupe as pages, & eft en trois coJonnes, dont la première eft deftinée aux mots Hollandois, la feconde aux François, la troifième aux Latins. Mais Mr. BURMAN nous donne cette Lifte fans l'accompagner d'aucune remarque, parce qu'il ne s'eft pas tant propofé, dans fon Ouvrage, de traiter des mots que les Hollandois ont empruntés du Latin, que de ceux qui leur font communs avec les François. quelle qu'en puiffe être d'ailleurs l'origine. En voici quelques-uns.

BYWACHT, Bijouar ou Bivouac, garde qui ne fe fait jamais que de nuit lorfque l'ennemi eft près, & que l'on craint d'être attaqué. Le mot François vient évidemment du Flamand ou de l'Allemand

EXTER, Agace. Dans quelques Provinces de France on appelle gace, Poifeau qui eft connu fous le nom de Pie. Or Mr. B. ne doute pas que ce mot Agace ne foit le même que le Flamand Exter, que plufieurs prononcent Acxßler, ou Ackfler.

Foor, ce mot Hollandois fignifie un

petit

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petit préfent que l'on fait aux domesti ques, aux ouvriers &c. par deffus le falaire qu'on leur a promis. Ne feroit-ce pas le vieux mot François, Fie, qui depuis long-tems eft hors d'ufage? Dans un ancien Gérémonial des Chevaliers du Bain, publié par Du Cange, dans fon Gloffaire de la bale Latinité, & inféré par le P. Daniel dans fon Hiftoire de la Milice Françoise Tom. I. Liv. III. Chap. IV. ce mot revient très fouvent. A la page 76. par ex. on trouve: Et l'Efcuier ainfi bors du Baing & attorné, le Barbier oftera le baing. & tout ce qu'il a entour, auffi bien dedans comme en debors, & le prendra pour fon Fié. Et à la page 78. A l'iffue de la chapelle le Maifire Queux du Roy fera preft d'efter les efperons les prendra pour fon Fié, & dira je fuis venu le Maifire Queux du Roi & prens vos efperons pour mon Fie.

GOLF, Golfe, étendue de Mer qui entre dans les terres. Autrefois on diloit GOFFRE: Une cité qui s'appelle Nichomie,

fi gift fur un Goffre de Mer, VILLEHARDOUIN de la conquête de Conftantinople Chap. 167. Un chaftel Caralas, qui gift fur un Goffre de mer, Ibid. Chap. 240. Cela fait conjecturer à Mr. BURMAN, que Goffre pourroit bien être la même chofe que Gouffre qui, comme on fait, fignifie un abyfme produit fouvent par l'éruption des Rivières & de la Mer. Dans la fuite

on

on a prononcé Golfe, & de là est venu le mot Hollandois Golf.

GRIMATSEN, Grimaces. On peut voir dans Ménage combien l'origine de ce mot a exercé les Etymologiftes. Bochart prétend qu'il vient de l'Arabe Kermas, qui fignifie fe tordre le vifage, le rider. S'il faut en croire Du Cange, il descend d'un vieux mot Saxon. Notre favant Auteur croit qu'il dérive du mot Flamand Grimmen, Recbigner, s'irriter, donner des marques de colère en grinçant les dents, ou en faifant d'autres grimaces.

HAFLEN, baler, tirer un cable, haler les écoutes. Ce terme de marine eft évidemment emprunté du Hollandois.

KAETSEN, ce mot qui fignifie jouer à la paume, defcend, felon Mr. B. du mot François chaffer, dont une des fignifications eft, poffer quelque chofe avec violence. L'Académie Françoife dit dans fon Dictionnaire au mot chaffer: Ce joueur de longue Paume chaffe une balle de grande roideur. Actuellement encore on appelle cbafle une chute de balle à certain endroit du jeu, qu'on marque, au delà duquel il faut que l'autre Joueur pouffe la balle pour gagner le coup. Les Hollandois l'appellent Kaets, & ils difent de Kaets teekenen, pour marquer la chaffe.

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LEDIKANT, Lit de camp. On ne fauroit douter que le mot Hollandois ne vienme du François.

LOOTS.

LOOTSMAN, Pilote. Autrefois ce terme François défignoit proprement ce qu'on appelle aujourd'hui Lamaneur, ou Pilote côtier, c'est-à-dire, celui qu'on emploie pour gouverner fur certaines côtes difficiles, un Pilote qui réfide dans un Port, dont il connoit les dangers, pour aider à l'entrée des Vaiffeaux qui arrivent & qui partent. Telle eft précisément la fignification du mot Hollandois Lootsman, & quoi qu'en dife Menage, Mr. B. eft perfuadé que Pilote eft formé des deux mots Flamands Peil & Lood, dont le premier fignifie bauteur ou profondeur, & le fecond plomb, par ce que le Pilote fonde la profondeur de l'eau avec un plomb attaché à une corde.

MAND, Manne, vieux mot François qui fignifie une espèce de panier à anfe. Mr. B. croit que le mot François vient du Flamand. Selon Mr. le Duchat, il defcend de manus, parce que la mane fe portoit aifement à la main. Oeuvres de Rabelais, Tom. I. pàg. 310. Rem. 5. Edit. d'Amft. 1725.

MATROOS, Matelot. Selon Menage ce mot dérive de celui de Maft, parce qu'originairement ce nom fut donné à celui qui fervoit auprès du mât. Le favant Huet le fait venir de Μασσαλιώτης, Marfeillois parce, dit-il, que ceux de Marfeille étoient très intelligens dans la Navigation. Notre Auteur croit qu'ils fe trompent l'un

&

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