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nos Bibles imprimées &c. par M. KENNICOTT.

Troisième ou dernier Extrait (*)

IV. Our ne rien négliger de ce qui peut donner une jufte idée des divers états, par lefquels le Texte Sacré du Vieux Tellament a paffé. en parvenant jufqu'à nous depuis Malachie, de dernier des Prophètes, M. KENNICOTT divife, comme nous l'avons dit, cet intervalle de tems en fix périodes. La ire. s'é tend de Malachie jufqu'à Jesus-Chrift. La 26. depuis Jefus Chrift jufqu'a St. Jerome vers l'an 400. La 3e depuis St. Jérome juf qu'au tems que le Talmud fut composé, favoir vers l'an 700. La 4e. depuis l'époque de la compofition du Talmud, jufqu'à celle où fleurirent les fameux Rabbins Ben Afber & Ben Nephtali. La se.depuis ces deux Rabbins jufques à l'invention de l'Imprimerie, au milieu du XVe. fiècle. La 6e. enfin, depuis la date de cette mémorable découverte, jufques à nos jours. Il faut du moins tâcher de fuivre le fil des difcuffions de notre favant Auteur, fur ce que

Voyez la Bibl. des Sciences Tom. XV. p. 1. Art. I. & part. II. Art. 4.

que ces différentes périodes préfentent de plus intéreffant par rapport aux changemens arrivés dans le Texte Hébreu de nos faints Livres, tel qu'il étoit forti de la plume des Ecrivains infpirés.

1. Le Canon des Ecritures du Vieux Teftament fe trouvant formé, & l'Autenticité des faints Livres conftatée, il eft à croire que les premières copies qui s'en firent furent fidèles; mais, après tout, les Copistes étoient des hommes, bientôt on s'en apperçut: ils firent des fautes, fi ce ne fut pas à deffein, ce fut par inadvertance, mais foit inadvertance foit deffein, on ne tarda pas fans doute à les remarquer. La fameufe Variante du mot Garizim, & quantité d'autres, que la confrontation du Texte Samaritain avec le Texte Hébreu fournit, ne laiffent aucun doute, qu'avant la date de la Verfion des LXX, ce dernier n'eut déjà fouffert diverfes altérations, lefquelles apparemment fe multiplièrent encore, pendant la perfécution qu'Antiochus Epiphanes fit fouffrir à l'Eglife.

Quant à la Verfion des LXX elle même, notre Critique croit, avec un de fes célèbres compatriotes, (2) qu'il n'y eût aucune Traduction de tout le V. T. antérieure à celle là; qu'elle fut commencée par les Juifs d'Alexandrie 285 ans ou envi

(2) Hody de Bibl. Tent. origin & Verfion. p. SIC & feq.

viron avant JC. Que d'abord ils ne tradui firent que le Pentateuque, qu'enfuite Antiochus Epiphanès leur ayant défendu la lecture de la Loi, cette défenfe les détermina à rendre auffi les Prophètes en Gree vers l'an 170; & qu'enfin, mais peu à peu & par différentes mains, les autres Livres du V. T. parurent de même en cette langue. Or en adoptant ces principes, il est tout fimple de fuppofer, que, puifque la Verfion des LXX eft de toutes les Traductions la plus ancienne, elle doit être celle de toutes, qui à été faite fur les MSS. les plus corrects, ou tout au moins qu'elle à été faite fur des MSS plus corrects que ceux qui font parvenus jufques à nous; & cela pofé on fent qu'elle ne peut qu'être utile, pour corriger l'Hébreu de nos Bibles dans les endroits où il paroît altéré. M. KENNICOTT avoit déjà prouvé le fait par plu fieurs exemples dans fa première Differtation: ici il le confirme par de nouvelles preuves: on y voit des MSS. Hébreux qui appuyent cette Version dans plufieurs paffages où elle s'écarte de l'Hébreu de nos Bibles, & en même tems ces MSS. Hébreux confirmés par d'autres MSS. du Pentateuque Samaritain, ce qui ne laiffe aucun doute fur la préférence que mérite la leçon des Interprêtes Grecs. De deux chofes l'une, ou les MSS. dont les LXX. fe fervirent, étoient fautifs, autant & plus que l'Hébreu de nos Bibles, ou ils étoient plus corrects. Ce dernier nous

pa.

paroît le plus certain: mais l'un & l'autre prouvent évidemment que, de bonne heure & avant la naiffance du Chriftianisme, les MSS. du Texte Hébreu avoient déja été altérés C'eft la feule conféquence qu'on puiffe évidemment tirer de l'alternative fuppofée.

Les Paraphrafes Chaldaïques, fi elles étoient aufli anciennes, foit en tout foit en partie, que quelques Critiques l'ont foutenu, feroient fûrement d'un plus grand ufage encore pour corriger le Texte de nos Bibles, que la Verfion des LXX, à caufe de la conformité des lettres & de leurs fons, entre les deux idiômes, le Chaldaïque & l'Hébreu. Toutes corrompues que font ces Paraphrafes, elles ne laiffent pas de fournir des Variantes, qui, en rectifiant clairement l'Original font bien voir qu'il a été altéré. Cappel en a indiqué plufieurs & notre Auteur, en les vérifiant, en a découvert plufieurs autres, foit dans les Editions connues de ces Paraphrases, soit dans les MSS. qu'il en a confultés.

Du furplus perfonne ne feroit furpris de ces Variantes, fi, en réfléchiffant fur la facilité avec laquelle tous les Copiftes du monde font plus ou moins de fautes, on penfoit à la forme qu'avoient les anciens MSS. Ils étoient écrits fans aucune diftinction entre les mots, toutes les lettres y étoient également éloignées les unes des autres ; rien donc n'étoit plus aifé que de les confon

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dre;

dre; & quand enfuite on y a voulu mettre de la diftinction, rien n'a été plus facile que d'en féparer, qui devoient être jointes, ou que d'en joindre qui devoient été féparées. D'ailleurs nos Livres Sacrés étoient anciennement écrits fans doute fur des peaux ou des feuilles de parchemin détachées, qu'on rouloit les unes fur les autres pour en faire un Volume; & de là encore rien de fi facile que les tranfpofitions.

2. Mais paffons à la Seconde Période de l'Hiftoire du Texte Hébreu. Dans les 400. ans qui s'écoulèrent depuis la naiffance de JC. jufqu'à St. Jérome, combien d'indices qui mettent fur les voies de la véritable & ancienne leçon de ce Sacré Texte?

D'abord prenez les citations du V. T. qui fe trouvent dans le Nouveau. Perfuadé avec S. Jérome (2) que J. C. & les Apôtres fe fervirent des paffages du V. T, tantôt felon la Verfion des LXX quand elle répondoit à l'Hébreu, tantôt felou l'Hébreu, quand la Verfion des LXX n'y étoit pas affez conforme, notre Auteur foutient que toûjours leurs citations furent fideles, & quand au fens, exactement conformes à l'Original. Or de-là que fuitil? Il s'enfuit que partout où elles different réellement quant au fens du Texte Hé breu,

(2) Edit. Benedi&t. Ton. III. col. 390.

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