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capitale. Nos prisonniers à Temeswar, en Hon. III. Ep. grie, payés en notre papier-monnaie, le négociaient encore en 1794 à la valeur de 30. pour

cent.

Lorsqu'on fut un peu tranquillisé sur les besoins urgents et journaliers des finances, on eut plus de loisir pour travailler aux décrets constitutionnels; mais les affaires extérieures venaient encore souvent détourner l'assemblée; les colonies, les conspirations intérieures, les mouvements des puissances voisines, l'inquiétude de l'Europe, qui se manifestait de jour en jour. Il fallut d'abord s'occuper d'un système nouveau des contributions; tout l'ancien édifice était écroulé; toutes les sources des contributions indirectes étaient taries on ne pouvait plus les rétablir sous un gouvernement de liberté. Cependant il était impossible que les impôts, assis sur les fonds territoriaux, pussent suffire aux dépenses publiques. Ces dépenses, toutes réductions faites, ne pouvaient s'élever à moins de 400 millions, surtout dans les premières années, qui ne pouvaient encore être susceptibles d'améliorations et de réductions. Les idées des économistes reparurent un moment dans les discussions. Ce système avait été précurseur des premières idées politiques d'administration; on l'avait même honoré du nom de secte, dans un temps où il n'était pas permis de traiter les ques

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1. Eptions principales. Cet accessoire avait occupé ou amusé les têtes actives qui cherchaient à penser; on leur devait même plusieurs écrits utiles : ils avaient répandu et même mis à la mode le desir d'acquérir des lumières et des connaissances sur une science que l'on pouvait appeler l'art de vivre en société. Quelques écrivains anglais, Smith entr'autres, avaient déja approfondi les causes de la richesse et de la prospérité des nations; mais peu d'écrivains s'en étaient occupés en France, où ces questions, réservées exclusivement au gouvernement, n'étaient que spéculatives pour les habitants. Le système des économistes était unique, d'après ce principe vrai, que toute richesse vient de la terre et de ses productions; mais la terre donne ses productions brutes, et l'industrie humaine, qui en augmente les valeurs, est aussi une véritable production de la terre, puisque la terre produit l'homme. Cette industrie doit aussi au gouvernement qui la protége: on était d'ailleurs tellement prévenu dans l'assemblée, par la crainte d'être mené, qu'il eût suffi que le système économiste fût antérieur à l'assemblée, pour n'y pas être admis. Après plusieurs rapports imprimés, on divisa les contributions en foncières et mobiliaires, l'une portant sur les revenus territoriaux; l'autre assise d'après les facultés apparentes de chaque contribuable. On y ajouta ensuite une contribution somptuaire,

portant sur les objets qui ne sont pas de première III. Ep. nécessité, et qui supposent un superflu inévitable 1790. dans la distribution inégale des propriétés ou des moyens d'industrie.

Cette première contribution fut assise pour 240 millions de contribution foncière, et 160 millions de contribution mobiliaire.

Les colonies d'Amérique avaient ressenti la secousse révolutionnaire. Les premières mesures de répression avaient été insuffisantes. A SaintDomingue, deux assemblées s'étaient constituées en opposition de principes et de conduite; l'une, qui se qualifia d'assemblée générale séante à Saint-Marc, établit des droits politiques séparés de ceux de la métropole, et prétendit ne reconnaître les décrets de l'assemblée nationale de so France, qu'après une révision et après s'être assurée qu'ils n'étaient en rien contraires aux intérêts de la colonie; l'autre assemblée provinciale du Nord, reconnut en tout la suprématie de l'assemblée nationale de France : c'était s'en assurer la bienveillance. Aussi, par un décret du 13 octobre, la première assemblée fut dissoute, et toutes ses opérations déclarées nulles. Il importait peu à l'étranger qui fomentait ces troubles, quelle des deux assemblées fût reconnue ou cassée; son but était atteint, et deux opinions opposées s'étaient prononcées à Saint-Domingue. La suite de ces événements prouva quel parti on sut tirer de cette

III. Ep. division, pour exciter des troubles et les employer à la destruction de ce pays.

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A la Martinique, les événements, sans prendre un caractère de dissidence (car les deux partis protestaient également de leur soumission à 9 nov. la métropole), et les divisions étaient devenus guerre civile; les hommes de couleur s'étant formés en corps militaire, pour , pour une solennité purement religieuse, les colons les avaient attaqués, en avaient tué plusieurs et pendu quatorze. Le gouverneur, Damas, fut bientôt après abandonné de ses troupes, et obligé de former une armée de ces mêmes hommes de couleur, pour maintenir son autorité; mais chaque parti se référant à la décision de l'assemblée, un décret suffit pour les juger. Il n'en était pas de même des conspirations sans cesse renaissantes dans l'intérieur de la France; plusieurs n'étaient que l'ouvrage de l'inquiétude, mais plusieurs aussi furent trop réelles. Celle que l'on découvrit à Lyon était liée par un plan combiné du dehors. On avait répandu de l'argent parmi les ouvriers des manufactures; ils devaient se soulever, à l'occasion de la cherté des grains. En même temps, les princes français, à la tête d'un corps de troupes, devaient s'avancer vers la ville, s'y réunir aux aux ha habitants; la ville de Lyon eût été alors déclarée capitale de la France. Tous ces faits n'étaient connus que par des dépositions de témoins. Les accusés détenus

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à Pierre-en-Cise furent transférés à Paris. Le III Ep. même décret pria le roi de changer le commandant militaire, Lachapelle; et tous les Français absents, fonctionnaires publics ou pensionnés, furent tenus de rentrer en France dans le délai d'un mois, sous peine de perdre leur traitement ou pension. Cette mesure était dirigée contre les princes réfugiés, et fut le premier acte d'autorité publique exercé contre les Français absents, que l'on ne qualifiait pas encore d'émigrés.

Plusieurs mouvements, dans différentes parties de la France, semblaient coïncider avec cette conspiration de Lyon. A Brest, les matelots de la flotte s'étaient révoltés; le chef d'escadre, d'Albert de Rioms, officier de réputation et mérite, avait été obligé de donner sa démission, et. d'abandonner le commandement. Cette affaire avait pris un caractère très-grave et très - alarmant. L'influence anglaise s'y faisait reconnaître; et cette mesure de paralyser nos forces de mer, exigeait des moyens prompts de répression. Les quatre comités de la guerre, de la marine, des recherches et de constitution, furent réunis, et présentèrent un rapport dont la conclusion fut de déclarer que les ministres avaient perdu la confiancé de la nation, et de sévir contre la municipalité de Brest, qui s'était montrée faiblement pour réprimer le désordre. L'assemblée se refusa à la première mesure, comme contraire à

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