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pour leurs secrétaire et vice-secrétaire Bailly et Guillotin. Ils procèdent ensuite à l'élection de leurs députés.

Trois cents Ecclésiastiques, évêques, curés, abbés ; trois cents Nobles, princes, ducs et pairs, marquis, comtes, etc.; six cents Bourgeois, magistrats, avocats, notaires, médecins, propriétaires, négociants, sont élus : l'élite de la Noblesse, du Clergé et de la Bourgeoisie est chargée de représenter la France.

Dans ce nombre, Paris a quarante députés: dix du Clergé, dix de la Noblesse, et vingt du Tiers-Etat.

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ROCHECHOUART, comte;

MIREPOIX, Comte;

MONTESQUIOU-FEZENSAC, mar

quis;

LESIGNEM, marquis;
DIONIS-DUSEJOUR, conseiller;

Les plus célèbres députés élus dans les provinces sont (1):

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(1) Voir la liste complète à la fin de la Constituante.

Toutes les assemblées primaires nomment des commissaires pour rédiger des cahiers contenant leurs plaintes et doléances.

Puis les électeurs de chaque ville ou canton rédigent un cahier général.

Les cahiers de la Noblesse et du Clergé, tout en faisant de nombreuses concessions, demandent la conservation des Ordres et de presque tous les priviléges.

Les cahiers du Tiers-Etat sont unanimes pour demander une constitution écrite ; — la Monarchie, avec de justes limites au pouvoir royal; — la responsabilité des ministres; le pouvoir législatif pour la Nation avec la sanction du Roi ;-le consentement national pour les impôts et les emprunts; — des Etats-Généraux permanents ou périodiques, mais réguliers et rapprochés ; — l'Egalité; —la propriété reconnue sacrée ;-la liberté personnelle; la liberté de la presse; -l'abolition des priviléges et de la féodalité; la réforme des abus.

C'est la France qui manifeste sa volonté : lui résister serait de la révolte !

Le cahier de Paris contient même une Declaration des droits, et proclame l'Egalité.

Les Parisiens ne se bornent pas à élire des Députés et à rédiger des cahiers: ils décident, dans les soixante districts et à l'Archevêché, qu'ils resteront en permanence pour surveiller leurs Députés et correspondre régulièrement avec

eux.

L'Autorité ferme leurs salles mais ils se réunissent. ailleurs, et parviennent à obtenir l'autorisation de s'assem-bler habituellement à l'Hotel-de-Ville.

Là, siégera désormais l'Assemblée générale des Electeurs, ou l'Assemblée des représentants de la

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commune, composée de délégués choisis par les électeurs des soixante districts, tandis que les électeurs se réuniront aussi dans leurs districts.

Le café de Foy et le jardin du Palais-Royal, appartenant au duc d'Orléans, deviennent aussi une vaste assemblée populaire continuellement ouverte. On y discute, on y pérore: les orateurs les plus ardents haranguent la foule montés sur une table; et les motions les plus révolutionnaires y sont accueillies par des acclamations.

La Cour, qui n'ose pas imposer silence, accuse le duc d'Orléans de soudover les orateurs.

Ce qui paraît certain c'est que l'or est répandu, et qu'il facilite puissamment le mouvement révolutionnaire.

Ce qui n'est pas moins évident c'est que le soudoyeur doit être immensément riche.

A lui l'honneur si le patriotisme dicte ses sacrifices! à lui la honte s'il n'agit que par haine ou par ambition!

La Cour accuse même le duc d'Orléans d'organiser l'émeute et l'insurrection.

Quoi qu'il en soit, le lendemain même de l'élection des Députés de Paris, éclate une émeute qui semble être l'escarmouche précédant la bataille.

$2. Emeute Réveillon.

L'ouverture des Etats-Généraux, fixée au 27 avril, est ajournée au 5 mai; et cet ajournement inattendu, qui fait craindre une prorogation indéfinie, excite l'irritation populaire.

C'est dans cette disposition des esprits que Réveillon, gros fabricant de papiers peints au faubourg Saint--Antoine, employant trois cents ouvriers, est accusé d'avoir tenu, lors de la rédaction du cahier dans son district, des propos

insultants et inhumains contre le Peuple, et de vouloir rẻduire les salaires de moitié : peut-il ou ne peut-il pas faire autrement? est-ce avidité pour le gain et inhumanité pendant un hiver si terrible, ou bien nécessité? a-t-il tort ou raison? Ce n'est pas la question : les ouvriers et le Peuple, qui souffrent, croient qu'il est barbare; et, le 27 avril, furieux contre sa barbarie, ils s'attroupent, parcou rent le faubourg, se rendent sur la place de Grève, y pendent et brûlent un mannequin qu'ils appellent Réveillon, condamné à mort par jugement du Tiers-Etat.

La force armée les disperse mais ils menacent de revenir le lendemain et se donnent hautement rendez-vous devant la fabrique.

Le lendemain, la police les laisse arriver, s'attrouper, envahir la maison, saccager, et jeter les meubles par les fenêtres; puis, quand ils sont occupés à la destruction, elle les fait cerner et égorger par les soldats.

Tout ce qui s'est introduit dans la maison, hommes, femmes et enfants, sont fusillés ou tués à coups de baronnettes. Plus de cinq cents ouvriers sont ainsi massacrés.

Tout en condamnant la violence des ouvriers, le parti populaire jette les hauts cris, et accuse la Cour d'avoir, à dessein, froidement, exploité la circonstance pour engager la troupe et l'exercer à massacrer le Peuple, tandis que, de son côté, la Cour accuse le duc d'Orléans de solder des bandes révolutionnaires, et d'avoir exploité luimême l'occasion d'essayer ses instruments.

M. Thiers, racontant cette scène, s'exprime ainsi : « On attend que le Peuple soit maître de la maison ; «on l'y attaque alors avec furie; et l'on est obligé d'é«< gorger un grand nombre de ces hommes féroces et in

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