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ce qu'on appelle roi. S'il est quelque raison d'exclure les étrangers, ce doit être d'une place

où il est plus facile de faire le mal, et dans laquelle, en réunissant tous les motifs d'intérêt et d'attachement, la confiance se trouve plus assurée.

Mais maintenant que les nations prennent le soin de se constituer, elles mettront plus de précision dans l'examen de la nature du département que l'on nomme exécutif. Chacun est en état de se rendre raison de ce que sont les pouvoirs législatifs et judiciaires. Mais quant à ce qu'on appelle en Europe, le pouvoir exécutif, comme distingué des deux autres, c'est, ou une superfluité politique, où un chaos de choses inconnues.

Tout ce qui est nécessaire, c'est qu'il y ait un département officiel, où aboutissent les nouvelles des diverses parties d'une nation' et celles de l'extérieur, pour être présentées à l'assemblée des représentans; mais il n'y a au cune raison solide, pour donner le nom d'exécutif à ce département; et on ne peut absolument le considérer que dans un rapport trèssubordonné au pouvoir législatif. L'autorité. souveraine, dans tout pays, est de faire les

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loix et tout le reste ne peut être que département officiel.

Après l'ordre des principes et l'organisation. des diverses parties d'une constitution, le point, le plus important à déterminer, c'est le salaire des personnes à qui la nation confie l'exercice des pouvoirs constitutionels.

Une nation n'a aucun droit de se servir gra-. tuitement du tems et des services de personne, dans quelque département qu'elle l'emploie.. Et il n'y a pas non plus de raison, pour priver les parties d'un gouvernement, d'un juste salaire, quand on en détermine pour d'autres..

Mais en admettant que l'honneur d'être chargé d'une partie du gouvernement, soit une récompense suffisante, il doit être considéré pour chacun de la même manière. Si les membres de la législature d'un pays sont obligés, de faire leur service à leurs dépens, ce qu'on appelle le département exécutif, monarchique. ou autre, doit faire son service de la mème manière. Il est déraisonnable de l'un,

payer

et d'accepter les services de l'autre gratis.

En Amérique on a pourvu décemment au salaire de chaque partie du gouvernement; mais aucune n'est payée avec extravagance.

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Chaque membre du congrès et des assemblées reçoit un dédomagement proportionné à ses dépenses; tandis qu'en Angleterre, on prodigue tout au soutien d'une partie du gouvernement, et l'on ne fait rien pour l'autre; ce qui fait naturellement l'on donne à l'une les moyens de corrompre, et que l'autre est mise à même d'être corrompue. Un quart et moins de cette dépense, appliquée comme l'Amérique en montre l'exemple, remédieroit, en grande partie, à cette corruption.

que

Une autre réforme dans les constitutions américaines, c'est d'avoir aboli tous les ser mens de fidélité à des individus. Le serment de fidélité en Amérique, ne se prête qu'à la nation. Rien n'est plus absurde que de mettre un individu à la place où doit être la nation. Le bonheur d'une nation est l'objet supérieur à tout: et c'est pour cela que l'intention d'un serment de fidélité ne doit point être obscurcie en étant figurativement donné à une personne, ou pris en son nom. Le serment appellé en France le serment civique, savoir: la nation. la loi et le roi, n'est point convenable. Si on le supprime entièrement, on ne ie prêtera qu'à la nation seulement, comme en Amérique.

La loi peut être, ou ne pas être bonne. Mais ici on ne peut la considérer que comme utile au bonheur de la nation, et par conséquent elle la renferme. Le reste du serment ne convient point, parce qu'il est évident que tout serment particulier doit être aboli. Ils sont les restes de la tyrannie d'une part, et de l'esclavage de l'autre. Le nom de l'auteur de tout ne doit pas être témoin de la dégradation de son ouvrage et si ce serment représente toujours figurativement la nation, il est à cette place, redondant, et doit être supprimé.

Quelque raison qu'il puisse y avoir d'admettre les sermens, au commencement d'une constitution, on ne doit point les admettre après. Si un gouvernement a besoin d'être soutenu par le serment, c'est une preuve qu'il mérite peu d'être soutenu, et qu'il ne doit pas l'être. Faites le gouvernement ce qu'il doit être, et il se soutiendra de lui-même.

Pour terminer cette partie de mon sujet, une des plus grandes perfections qui aient été ajoutées aux constitutions modernes, pour la sureté perpétuelle et les progrès de la liberté constitutionnelle, c'est la mesure qu'elles établissent pour les revoir, les altérer et les corriger.

Le principe sur lequel M. Burke a établi sa profession de foi en politique, savoir : 99 qu'il faut lier à jamais la postérité et abdiquer pour elle jusqu'à la fin des tems tous ses droits »; ce principe est maintenant devenu trop détestable, pour être l'objet d'un débat, et c'est pour cela que je les passe sans en faire mention autrement que pour l'exposer.

On commence à connoître la science du gouvernement. Jusques à présent il n'a été que le simple exercice du pouvoir; celui-ci a soigneusement empêché les recherches vraies et efficaces du droit des gouvernés; et il n'a fondé lui-même le sien que sur la possession. Tant que la liberté a eu pour juge son ennemi même, les progrès de ses principes ont dû effectivement être bien foibles.

La constitution d'Amérique et aussi celle de France ont fixé une époque pour leur révision ou désigné le mode par lequel on pourra les améliorer. Il n'est peut-être pas possible d'établir chaques circonstances, où l'on est forcé de concilier les principes avec les opinions et la prati que, de manière que le progrès des événemens, à travers un long espace de temps, ne les dérange jusqu'à un certain point. Et c'est

« EelmineJätka »